Les réfugiés: un phénomène mondial
millions de personnes déplacées par le conflit, la violence et les persécutions
Les migrations et la problématique des réfugiés sont souvent présentées du point de vue de l’Europe, tandis que les causes des migrations et la situation dans les pays d’origine des migrants sont souvent ignorées.
Nous vous invitons à mettre le focus sur la situation des réfugiés, migrants et déplacés internes etc. dans « les pays du Sud »
La plupart des réfugiés sont accueillis en Europe ! Vrai ou Faux?
Les dix pays qui accueillent le plus grand nombre de réfugiés dans le monde font partie des pays du Sud. En effet, ce sont surtout les pays limitrophes des pays en conflit, qui hébergent les demandeurs d’asile. La plupart des réfugiés syriens, par exemple, ont fui vers la Turquie (2,5 millions), le Liban (1,1 millions) ou la Jordanie (664’100). Les réfugiés afghans essayent, de s’installer dans les pays voisins, le Pakistan (1,6 millions) ou l’Iran (979’400). Un grand nombre vit depuis plus de 30 ans en exil, et beaucoup n’ont jamais vu leur « pays d’origine ». Dans la liste des pays d’accueil, on trouve aussi plusieurs pays de l’Afrique sub-saharienne: l’Éthiopie (736’100), le Kenya (553’900), l’Ouganda (477’200) ou le Tchad (369’500), représentant aussi les régions les plus pauvres du monde. Même les États qui sont eux-mêmes en situation de guerre, accueillent certaines vagues de réfugiés (ex. la République Démocratique du Congo (383’100) ou le Yémen (267’173)).

Le camp pour réfugiés Bwagiriza au Burundi héberge presque 9000 réfugiés. 99% d’entre eux sont des Congolais. En tout il y a plus que 57’800 réfugiés congolais au Burundi, un pays en situation de conflit, avec plus que 260’000 burundais qui ont déjà fui le pays et presque 60’000 déplacés internes.
Les statistiques officielles, se réfèrent souvent au nombre officiel de réfugiés dans le monde, qui s’élève à 21,3 millions de personnes. Evidemment, les 40,8 millions de déplacés internes ne sont pas compris dans ces chiffres. Rappelons ici que les réfugiés reconnus, ne constituent qu’un tiers des personnes déracinées, puisque deux tiers des personnes déracinées restent dans les pays en conflit. Pourtant, il s’agit d’un nombre considérable de personnes, victimes d’un tel destin. Pourquoi ne parlent-on pas ou peu, des 6 millions de déplacés internes en Colombie, des personnes qui ont fui le Cachemire ou le Myanmar ? Est-ce parce que le monde occidental ne se sent pas directement touché, que ces informations ne sont pas relayées par nos médias.
Est-ce que le fait de trouver refuge dans un autre pays signifie « être protégé » ?
Article 3 de la déclaration universelle des droits humains :
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Les réfugiés et les déplacés internes essayent de fuir une situation d’insécurité ou les persécutions dans leurs pays d’origine. Ils partent donc à la recherche d’un endroit, où ils seront en sécurité et où ils pourront enfin profiter des droits humains.
Mais comment ce passe leur accueil et leur intégration ? Peuvent-ils vraiment jouir des droits humains dans les pays d’accueil?
Environ 250’000 burundais ont quitté leur pays après les révoltes liées au troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza. Environ 80’000 d’entre eux ont trouvé un refuge au Rwanda, dont un grand nombre sont désormais dans les camps de réfugiés.
D’après la convention internationale relative aux droits de l’enfant et la déclaration universelle des droits humains, chaque individu à droit à l’éducation. Mais en vérité, plus de la moitié des enfants pris en charge par l’HCR ne va pas à l’école, surtout à cause d’un énorme manque d’infrastructures et d’enseignants. En Turquie, avec laquelle l’Union Européenne collabore étroitement, seulement 39% des réfugiés, donc moins de la moitié sont inscrits à l’école. Il ne faut pas oublier que parmi cette population, victime de la précarité, beaucoup d’enfants, sont obligés de travailler pour contribuer à la survie de leur famille. Quelles sont les perspectives d’avenir pour ces enfants?
D’après l’article 13 de la déclaration universelle des droits humains, chaque individu a le droit de circuler librement à l’intérieur d’un État, et de quitter tous pays, y compris le sien. Ce principe des droits de l’homme n’est pas respecté par tous. La communauté musulmane des Rohingya, par exemple, est persécutée au Myanmar, mais on les empêche de partir. Ainsi environ 140’000 Rohingya sont détenus dans des camps pour déplacés internes.
Selon les droits de l’homme, toute personne a le droit de chercher la protection et de bénéficier de l’asile dans un pays. Les exemples qui suivent démontrent que cet article est loin d’être respecté partout dans le monde.
En Érythrée, 9% de la population ont fui les persécutions et ont demandé l’asile dans un autre pays. Ce pourcentage élevé devrait inciter les autorités à considérer l’Erythrée, en tant que régime ne respectant pas les droits humains. Pourtant, certains gouvernements européens n’hésitent pas à renvoyer les demandeurs d’asile en Érythrée, qualifié par eux de pays sûr.
Au Népal, les réfugiés tibétains doivent faire face à des restrictions, concernant leur droit à la liberté de se réunir pacifiquement, pour manifester, ou pour assister à des activités publiques promouvant leur culture et leur religion.
L’Article 9 de la déclaration universelle des droits humains dit que nuls ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé. Or, en Thaïlande, les lois autorisent que les réfugiés soient détenus pour une durée indéterminée.
Mais le non-respect des droits humains ne concerne pas seulement les pays du Sud. D’après Human Rights Watch presque 1000 réfugiés, qui ont essayé de rejoindre l’Australie, ont été transférés vers un centre de détention sur Manus Island, où ils sont détenus pour une durée indéterminée. Ils n’ont ni le droit de partir, ni de travailler, ou de continuer des études.
En Afrique du Sud, des immigrés et des réfugiés ont été attaqués pour des motifs racistes.
D’après l’article 15 de la déclaration universelle des droits de l’homme, chacun a droit à une nationalité. Des estimations par contre parlent de plus de 10 millions de personnes apatrides. Beaucoup d’entre eux sont des personnes déracinées qui n’ont plus la possibilité d’obtenir des documents d’identité. En effet, les autorités de leurs pays d’origine refusent de donner des documents d’identité à des personnes ayant fui le pays.
Tous ces exemples démontrent, que les personnes déracinées sont trop souvent privées de leurs droits et représentent donc une population vulnérable. Par conséquent, il serait légitime et urgent, de s’interroger sur les initiatives à prendre pour soutenir ces gens et faire en sorte, que leurs droits soient garantis !
Combien de temps dure l’exil ?
41% des réfugiés relèvent de la compétence du HCR, pendant une durée prolongée ; la durée moyenne de ces situations étant actuellement de 26 ans. En faite, toutes ces personnes n’ont pas fui des zones de guerres, mais certains naissent dans un camp.

Ce camp de réfugiés à l’est de la République Démocratique du Congo existe déjà depuis les années 90. Quelques réfugiés y sont déjà depuis le génocide au Rwanda en 1994.
Les réfugiés palestiniens représentent bien, ce cas de figure. Ils ont du fuir en 1948, pendant la guerre israélo-arabe. Les Nations Unies ont même créé une agence uniquement pour aider les réfugiés palestiniens en Syrie, au Liban, en Jordanie et à Gaza et en Cisjordanie, la UNRWA. Actuellement, cette agence soutient plus de 5 millions de réfugiés palestiniens.
Un grand nombre des familles vit dans ces camps depuis plus de 60 années et il s’agit là de la quatrième génération ! Le chômage est très élevé, entre autre, parce que les réfugiés n’ont pas accès à tous les emplois. Étant donné que la Palestine n’est pas un État officiellement reconnu par tous, beaucoup d’entre eux ne jouissent pas des droits des citoyens.
Actuellement, alors que la guerre fait rage, plus de 500’000 réfugiés palestiniens se trouvent encore en Syrie. La plupart sont des déplacés internes et 95% dépendent de l’aide humanitaire.
A quoi ressemble la vie dans un camp ?
Plus de 4 millions de personnes vivent dans des camps de réfugiés de part le monde. Prenons le camp de Dzaleka, comptant plus de 25’000 d’habitants et qui se trouve au Malawi, un des pays les plus pauvres du monde. La majorité des personnes y vivent depuis plus de 5 ans et sont originaires de la région des grands lacs (République Démocratique du Congo, Burundi, Rwanda). Certains sont arrivés en 1994, année du génocide au Rwanda. La nombre de réfugiés ne s’accroit pas seulement, à cause de nouvelles arrivées, mais aussi à cause des naissances. Il y a même déjà eu des mariages entre réfugiés, nés tous deux au camp. Les conditions de vie sont précaires. Le nombre de points d’eau est restreint et on doit faire la file pendant des heures pour avoir accès à l’eau. L’accès aux latrines est également limité et il n’y a pas d’égouts. Aussi, les habitants du camp doivent demander la permission pour quitter le camp. Ainsi, les difficultés de recevoir un permis de travail les empêchent de trouver un emploi pour améliorer leur vie. Le manque de terre agricole aggrave la situation et la majorité des habitants dépend de l’assistance humanitaire. Même si beaucoup d’enfants peuvent aller à l’école dans le camp, ils reçoivent une éducation en anglais, ce qui n’est pas une langue officielle en RDC ou au Burundi. Se pose alors la question, si une fois de retour dans leur pays d’origine, ces enfants seront aptes à trouver un travail?
Malgré toutes ces difficultés, les habitants du camp de Dzaleka gardent l’espoir. Le Festival Tumaini en est la preuve. Il s’agit d’un festival de musique interculturel organisé par les réfugiés et financé à travers un financement participatif pour toute la population du Malawi. Visitez http://tumainifestival.wixsite.com/tumaini pour plus d’informations sur le festival.
Trésor est un poète et artiste originaire de la République Démocratique du Congo, qui a du fuir à cause des ses poèmes politiques et qui vit actuellement au Malawi.
Sources :
http://www.unhcr.org/fr/apercu-statistique.html
http://www.unhcr.org/fr/la-parole-aux-refugies.html
http://www.unrwa.orghttp://www.unhcr.org/5680f7d09.pdf
http://data.unhcr.org/drc/country.php?id=19
http://www.internal-displacement.org/americas/colombia/figures-analysis
http://www.internal-displacement.org/assets/publications/2016/20161123-internal-displacement-update.pdf
https://www.hrw.org/sites/default/files/world_report_download/wr2016_web.pdf
http://reliefweb.int/sites/reliefweb.int/files/resources/2016-global-report-internal-displacement-IDMC.pdf